Depuis l’ouvrage de Richmond L. Hawkins paru il y a près d’un siècle, aucun travail d’ensemble ne s’est intéressé à l’œuvre du poète et polygraphe parisien Charles Fontaine. Marine Molins rouvre le dossier, l’enrichit des manuscrits et imprimés inconnus de Hawkins, et reprend la totalité des nombreuses traductions de Fontaine, depuis trois des Epîtres de saint Paul jusqu’aux Héroïdes d’Ovide. L’influence déterminante de Marot, le contexte de l’humanisme parisien des années 1535-1545, la sollicitation de la cour de François Ier et plus particulièrement du roi lui-même, de Marguerite de Navarre et de Charles de Valois, relayée par celle de personnages majeurs comme Jean Brinon, Claude d’Annebault et la famille des Genouillac-Crussol, ont incité Fontaine à élaborer ses propres principes de traduction. Il les a formulés avec précision à mesure qu’il en acquérait l’expérience, en poète véritable, soucieux par ailleurs de servir des textes latins qu’il aimait par un travail humaniste de commentateur érudit et d’éditeur avisé. Cette étude sert l’intérêt récent pour la traduction versifiée, dont Fontaine est l’un des maîtres incontestés au milieu du XVIe siècle et souligne le rôle des mécènes, particulièrement sensible en matière de traduction, lequel fut déterminant dans les choix de Charles Fontaine. Un index de la totalité des dédicataires du poète vient donc très utilement compléter l’étude, avec l’édition de ses traductions les plus rares.