Ayant dépassé l'Antan d'enfance, abandonné l'activité de suceur de tétée, le négrillon, lancé dans l'infini de la maison, en éplucha toutes les ressources. Bientôt, il se mit à buter contre l'unique obsession : aller !
Aller.
Nouvelle traversée. Le Maître comme capitaine « voguant immatériel sur les cimes du savoir universel », grand pourfendeur de sabir créole, négateur des fastes de la culture dominée. « O vertige mi ! Tête perdue ! » Le négrillon aura « des temps de blonde enfance, rouge aux joues et yeux bleus ». Retour à la langue-manman quand il fallait lâcher l'émotion, balancer un senti, s'exprimer longtemps. Retour au pays natal et à la parole de Gros-Lombric, un petit bougre, noir bleuté, maître-force en magie créole qui, jour après jour, ramène des confins de l'en-ville des contes de zombis, des Chouval-trois-pattes, les bels passages de l'oiseau-glanglan, les vertus des poules-frisées, les coups-de-cervelles de Ti-Jean-Lorizon. Gros-Lombric, le double, écolier marron de l'École coloniale.
De la confrontation de ces deux trajectoires, le négrillon tirera la substance de son écriture.