L'histoire politique et culturelle de l'Espagne et, par extension de
l'Europe, traverse les vingt-trois premières années de la vie de Carmen
Antón : la fin de la monarchie d'Alphonse XIII, la proclamation de la
République espagnole et surtout l'engagement de la troupe théâtrale
itinérante «La Barraca» - créée par Federico García Lorca - dont cette
jeune Madrilène, étudiante en médecine, fait partie. De cette expérience
unique, Carmen Antón livre un témoignage original et émouvant.
À Paris, où elle est envoyée par le gouvernement républicain lors de
l'Exposition internationale de 1936 pour travailler au pavillon de
l'Espagne, elle côtoie Picasso et d'autres peintres et intellectuels. De
retour en Espagne, alors en pleine guerre civile, son engagement aux
côtés des Républicains l'amène à rester dans son pays qu'elle quitte
cependant définitivement après la défaite, faisant partie des derniers
réfugiés à passer la frontière pour la France, non sans difficultés.
En 1939, avec son mari le peintre Gori Muñoz et sa fille de deux mois,
elle quitte la France à bord du «Massilia» pour l'Argentine où elle vivra
jusqu'à sa mort, en septembre 2007.
Un regard aigu, une personnalité attachante, une écriture dynamique
(parfaitement servie par la traduction de l'anthropologue Carmen
Bernand, sa fille) soutiennent ce récit autobiographique de Carmen Antón
où s'entremêlent morceaux d'histoire et de vies, où l'on croise nombre
d'artistes et d'intellectuels tant européens que latino-américains, et où
l'on assiste depuis Paris aux premiers épisodes de la Seconde Guerre
mondiale.
Un itinéraire de Madrid à Buenos Aires, emblématique de la période.