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Chris Argyris (1923-2013) est un des « grands auteurs » américains qui appartient aux icônes des sciences de gestion. Il est donc à la fois incontournable et dangereux. Incontournable car comment faire sans lui ? C’est l’objet de cette nouvelle biographie commentée (cf. le texte publié par Charreire Petit (2009) dans l’ouvrage Lesgrands auteurs en management) qui s’ajoute aussi à bien d’autres, la difficulté étant d’essayer de proposer un travail compréhensif cohérent. Il n’est pas question d’être exhaustif, l’exégèse de la totalité de l’œuvre d’Argyris étant un programme de recherche en lui-même. Dangereux car, comme beaucoup d’autres auteurs « icônes », sa pensée donne lieu à des caricatures : l’incontournable schéma de l’apprentissage en double boucle et la réduction de ses apports à des citations réduisant sa pensée à des phrases normatives dont il est bien l’auteur mais qui, décontextualisées, vont dans le sens du très ambigu « intérêt bien compris » du pouvoir du dirigeant, indépendamment de la richesse conceptuelle de son programme de recherche. Comme les autres auteurs « icônes », il s’exprime en « anglais américain » sur des propositions apparemment simples mais dont la traduction aplatit la subtilité.
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