La pensée de Christos Yannaras reste en France encore trop peu connue. Traduite en français depuis des décennies, avec son ouvrage précoce de 1966, De l'absence et de l'inconnaissance de Dieu consacré à saint Denys l'Aréopagite à la lumière des philosophies de Nietzsche et de Heidegger, son essai fulgurant sur l'erôs de 1992, Variations sur le Cantique des Cantiques, ou ses ouvrages philosophiques, Philosophie sans rupture et théologiques, La liberté de la morale, La foi vivante de l'Église, son oeuvre est orpheline d'une réception systématique. C'est cette lacune que les travaux présentés veulent combler, offrant plusieurs entrées emblématiques dans la pensée de Yannaras. D'abord, son entente novatrice de l'amour comme erôs, qui forme l'aiguillon de sa pensée ; puis, sa posture subtile sur l'apophatisme comme attitude de vie, emblème d'une phénoménologie où le retrait est engagement dans le monde ; enfi n, la relation, l'élément de sa pensée, qui situe sa théologie du lien des personnes au coeur de l'éthique des sciences humaines. Au gré des confrontations que les auteurs de l'ouvrage établissent avec J.-L. Marion, M. Henry, F. Varela, M. Elkaïm et P. Evdokimov, la voix passionnante de Yannaras résonne joyeusement pour nous proposer une nouvelle déclinaison de l'amour, de la relation et de l'apophatisme. Elles configurent ce que nous nommons l'unité " théophénoménologique " de sa pensée.