« Les éditoriaux qui suivent s'emploient inlassablement à rappeler la dimension profondément révolutionnaire de la démocratie, quand elle cesse d'être contournée par toutes les instances dont peut se servir ce qui ressemble de plus en plus à une oligarchie. Et la démocratie ne peut exister que si l'on postule la raison universelle, c'est-à-dire partagée par tous.
Quiconque lira ces lignes avec un minimum d'honnêteté y verra non seulement la critique du système actuel, dans sa dimension économique, géopolitique et culturelle, mais surtout la définition d'un projet politique alternatif à même de refaire de la France une communauté de citoyens décidant librement de leur destin et de perpétuer la liberté humaine détachée de toute soumission. Un modèle que la France avait poussé jusqu'à son aboutissement le plus plein dans sa conception de la République. Or, c'est bien cela qui est en passe d'être balayé par la conjonction du soft power américain, fondé sur le consumérisme et le puritanisme, et l'expansion d'un islam littéraliste et intégriste.
La France, en tant que projet politique, en tant que vision de l'homme et de sa liberté, disparaît peu à peu. La France, en tant que communauté nationale, implose. Mais la fatalité n'a rien à voir là-dedans. Il s'agit d'un processus dont on peut décrire les étapes et les acteurs. Un processus qui n'a rien d'irréversible, si tant est qu'on se donne pour mission de donner un sens concret à ces mots : vive la République et vive la France. »
N.P.