L'émergence des premières villes de l'histoire, en Mésopotamie, à la fin du IVe millénaire, témoigne
de la prise de conscience par les fondateurs que le nouveau cadre de vie exigeait une préparation et une
organisation destinées à assurer à la fois la longévité et l'harmonie de la construction urbaine.
À l'aube de l'histoire, un véritable urbanisme, totalement différent de celui, postérieur, des cités grecques,
fut alors systématiquement mis en place, tenant compte de deux dangers majeurs : la vulnérabilité de
l'architecture de briques crues face aux menaces de l'eau et l'instabilité de sols très hétérogènes, impropres
à supporter les charges de bâtiments de plus d'un niveau.
Une remarquable inventivité et une étonnante compréhension du milieu ressortent des solutions mises en
oeuvre par les Mésopotamiens. Ils dotent leurs villes de plans géométriques parfaitement adaptés au terrain,
capables d'éliminer les eaux de pluie (utilisation de voies radiales, de canaux intérieurs ou périphériques, de
"chaussées absorbantes"). Ils aménagent une "infrastructure compartimentée" qui assure toute l'organisation
de la ville et de sa voirie, permet d'éloigner le niveau d'occupation de la nappe phréatique et de stabiliser
de façon homogène l'ensemble du bâti.
De tels travaux entraînent la fondation de villes neuves. Certaines d'entre elles, fondées au IIIe millénaire,
étaient toujours actives mille, voir deux mille ans plus tard, après plusieurs reconstructions complètes. C'est
notamment le cas de Mari, Babylone ou Larsa.
Cet urbanisme n'a jamais été transmis par les textes : seule l'archéologie a pu le mettre en évidence par
la confrontation systématique d'un certain nombre de sites.