La présence de la femme est capitale dans la civilisation bouddhique du sud et du sud-est de l’Asie (principalement ici en Birmanie et en Thaïlande), tant dans les textes fondateurs que dans la pratique quotidienne. L’un de ses aspects les plus fascinants est certainement le rôle des nonnes et, plus généralement, des femmes célibataires. À partir de ce constat, Steven Collins propose une série d’analyses et de réflexions qui feront découvrir au lecteur français un monde très différent de celui auquel l’a habitué la civilisation occidentale : monde dans lequel la religion ne cesse de se construire et où l’on voit émerger, y compris ces toutes dernières années, des figures qui acquièrent pratiquement une stature de déesses - vedettes de cinéma converties ou directrices d’établissements monastiques. Ces femmes sont l’objet d’une vénération étonnante et ont dans la société un rôle aussi important que, dans d’autres contextes, une Mère Teresa ou une Soeur Emmanuelle, quelle que soit la controverse autour du rétablissement de l’ordre monastique pour les femmes. Une autre ligne directrice est l’interrogation sur les privilèges dont jouissent ascétisme et chasteté dans les civilisations traditionnelles, et pas seulement dans le bouddhisme : en rupture avec des systèmes qui mettent au premier plan des valeurs visant à l’enrichissement, à une production intensive et à la jouissance immédiate, l’ascétisme fait pourtant l’objet d’une valorisation très consensuelle. Le point de vue est celui de l’anthropologue et du sociologue. Il permet de nous livrer non seulement une contribution passionnante à l’histoire religieuse du monde contemporain mais également l’une des rares études de genre, Gender Studies, dont nous puissions disposer en français, à travers l’analyse de la définition du sexe/genre dans la pensée bouddhique.