Tome 9 sur 10
Pendant qu’Aronce s’estimait le plus malheureux de tous les hommes, il y avait des moments où Horace jouissait de toute la douceur que la gloire peut donner, et même de toute celle que donne l’espérance à un cœur véritablement amoureux. Il avait la joie d’être satisfait de lui, qui est le plus sensible plaisir qu’une personne raisonnable puisse avoir. Il avait rendu un service signalé à sa patrie quoiqu’Aronce l’eût désarmé, sa dernière action le consolait de ce malheur et Clelius lui étant si favorable, il pouvait raisonnablement penser que la fin de la guerre serait le commencement de sa félicité. Car il voyait alors tous les Romains si fortement résolus de se bien défendre, qu’il ne voulait pas se persuader qu’il fût possible à Porsenna de prendre Rome. En quelque lieu qu’il allât, il avait sujet d’être content, excepté auprès de Clélie qu’il trouvait toujours avec une égale insensibilité pour lui.