"Dégraisser est sans doute l'un des verbes les plus affreux de notre langue. Je l'entendis pour la dixième fois sur les ondes après l'avoir lu à la une des journaux, car c'était le maître mot de la semaine. Il fallait dégraisser. On dégraissait partout, dans les casernes et les écoles, le public et le privé, l'hôpital et la banque, et il me sembla ce matin-là que je me dégraissais aussi, triste jusqu'à l'arête, lorsqu'on frappa à ma porte. Etait-ce le retour de Clémence qui m'avait quitté sur un coup de tête, un coup de tête de moi bien entendu ?
Quoique élevé dans les bons usages il m'arrive d'avoir des fureurs, vous l'avez vu. J'essayai un sourire et respirai pour resouffler à fond."
D.B.
L'oeuvre de Daniel Boulanger, nombreuse et diverse, quelque cinquante titres, s'épanouit dans le roman, le poème, le théâtre, la nouvelle, les scénarios et dialogues de films. Il a joué dans des films de Godard et de Truffaut, notamment A bout de souffle et La mariée était en noir.