L'actualité - en France et à l'étranger - ne le démentira pas : le pouvoir
possède des aspects profondément mortifères. À distance des combats
engagés aujourd'hui pour le conquérir ou le conserver, Eugène Enriquez
s'intéresse aux figures néfastes du pouvoir, non pour céder à quelque fatalisme,
mais bien au contraire pour en comprendre les racines inconscientes, les
emprises sociales et pour permettre aux individus et aux groupes de saisir ce
qui les conduit au mépris de l'autre et à l'émergence du désir de sa mort physique
ou psychique.
La possibilité d'un pouvoir qui serait essentiellement «bon», le travestissement
de celui-ci en simple autorité ou en un ensemble de décisions rationnelles
ayant pour but le seul «bien commun» sont analysés et placés, par l'auteur,
au rang d'illusions rassurantes et mystificatrices. En revanche, pour explorer ce
qui constitue l'énigme du pouvoir, il étudie ses fondements et ses liaisons avec
la sexualité, la guerre, la mort, l'argent, le désir de soumission...
Au carrefour de la sociologie, de la psychosociologie, des sciences politiques et
de la psychanalyse, sa réflexion met en lumière les caractéristiques occultées,
refoulées et réprimées du pouvoir, qui n'en sont pas moins opérantes, dans
l'objectif de nous aider à devenir des «êtres avisés, insensibles aux blandices
qu'on nous offre et rétifs aux croyances facilement et communément partagées,
des êtres de doute et aussi de conviction qui savent qu'aucun sauveur
n'est là pour les prendre en charge et leur indiquer la bonne voie.»