Deux cliniques efficientes mais hétérogènes se disputent la juridiction sur le champ psychopathologique: la clinique psychiatrique et la clinique psychanalytique. Constituée tout au long du 19e siècle et du début du 20e siècle, la première se rattache directement à la médecine scientifique à laquelle elle doit son solide fondement empirique, puis méthodologique (la méthode anatomoclinique), et sa base doctrinale (l'opposition du normal et du pathologique): dès 1822, avec la découverte de la paralysie générale, puis du domaine spécifique des troubles organogènes, elle dispose de son paradigme scientifique: elle l'appliquera résolument à l'ensemble de son champ. La seconde se construit d'abord par étayage sur son aînée et ne découvre que lentement et rétrospectivement son essence véritable, ce qui la conduit désormais à une relation de concurrence et d'opposition avec la clinique psychiatrique à laquelle ses principes fondateurs l'opposent en réalité frontalement.
Ce recueil rassemble un ensemble de textes consacrés aux conditions génératrices de la clinique. La première partie réunit une série d'études situées à l'intersection du champ psychanalytique et du champ psychiatrique, dont elles explorent les synergies et la fondamentale disparité. Centrée sur la modélisation théorique comme matrice organisatrice de la clinique psychanalytique, la seconde partie propose une analyse des théories métapsychologiques qui en restitue la structure et la généalogie, éclairant par là tant les difficultés de la théorisation freudienne que le devenir ultérieur du mouvement psychanalytique, en particulier son éclatement en courants hétérogènes et concurrents. La troisième partie regroupe des recherches de clinique psychanalytique qui, en se proposant chacune l'exploration d'une des frontières essentielles du champ freudien, en sonde les fondements.