Ce livre est un hommage à l'immense poétesse russe Marina
Tsvetaeva, qui vécut en France de 1925 à 1939, dans l'obscurité
quasi-totale. Ce livre n'est pas une biographie mais
un récit épistolaire, qui interroge ce que fut la négation humaine
sous le stalinisme, et l'effervescence tragique qui suivit la révolution
d'octobre 1917. Marina Tsvetaeva éclaire d'une lumière brute la
poésie de notre époque. Lisant l'un de ses livres dans une chambre
perdue de Vladivostok face à la mer du Japon, je lui adresse ce
récit en forme d'hommage pour ce qu'elle a été en tant que femme,
mère et poète, et pour ce que nous offre la lumière de ses livres,
de sa vie brûlée interrogeant l'Histoire et l'aventure poétique. Son
aventure fut exemplaire. Quatorze années d'existence invisible dans
la banlieue parisienne, puis un retour en Russie, vers l'enfer de la
Russie de ce temps où l'on détruisait pour des broutilles, une phrase
de travers.
J'ai cheminé en sa compagnie durant de longs mois de Moscou à
Koktebel en Crimée, petit village où elle vint souvent dans le temps
de sa jeunesse, sous le toit accueillant des Volochine qui reçurent
ainsi Mandelstam, Tolstoï, etc... Tsvetaeva, amoureuse-née, entretint
une brûlante correspondance avec Pasternak, Rilke, durant tout
l'été 1926. Ces lettres merveilleuses témoignent de sa passion et de
sa colère.
Joël Vernet