Colères identitaires
Le débat politique et social est cerné par le concept d'étranger et de tout ce qu'il charrie : racisme, intégration, laïcité, communauté, religions, histoire, migrations. Autant de déclinaisons nous ramenant à des représentations intérieures bien ancrées. Le racisme nous renvoie à nos peurs et à notre représentation de nous-mêmes, que nous finissons par haïr chez l'autre pour ne pas avoir à les combattre en nous-mêmes.
Le fait religieux et la laïcité nous confrontent à notre finitude et notre besoin de nous lier au passé et à l'au-delà pour mieux sentir nos propres pieds dans les racines d'une terre qui finira par enfouir nos corps mortels. L'histoire et le négationnisme font office de miroir sans tain nous renvoyant de manière irrémédiable notre nature animale et meurtrière, celle d'une race humaine qui tue non pas dès qu'elle le veut, mais dès qu'elle le peut.
La question migratoire, enfin, renvoie les humains sédentarisés que nous sommes depuis quelques siècles à peine à ce que nous avons toujours été : des nomades se déplaçant pour survivre sur une terre sphérique, donc close sur elle-même et sur laquelle toute notion de frontière ne peut être que contingente.
La soif d'identité et la capacité de colère. Un cocktail explosif, présent en chaque homme appelé à trouver son chemin entre le besoin de se construire comme individu et la nécessité d'être reconnu membre d'une communauté. Une tension perpétuelle, potentiellement destructrice pour qui y voit une fin, généreuse pour qui y voit un chemin.