Il en va des villes comme des personnes. Elles ont
leur identité et leur caractère. Un génie des lieux
même, le fameux genius loci cher à l'antiquité.
L'esprit du lieu, un cadre singulier, un terroir à l'accent
particulier, un caractère sacré inhérent.
Ainsi Colmar a le sien. Mais on ne le découvre pas naturellement.
Qui est-il vraiment ? Je me suis efforcé de le
traquer pendant quatre décennies. J'ai ramené de ce long
voyage, dans l'histoire de la cité, une malle de souvenirs :
des mots, des dates, des histoires petites et grandes, mais
aussi des senteurs, des couleurs, un destin que je vous
invite à découvrir. L'ai-je trouvé ce génie singulier ? En
tout cas, je ne me suis pas lassé de le chercher.
Colmar a toujours été, de mémoire de voyageur, «une
plaisante cité». Elle a connu bien des réputations, les
meilleures comme les plus viles. Elle a souvent donné le
change et joué sur les antinomies : village et ville, diplomate
et vindicative, courageuse et pusillanime, ignare
et cultivée, bourgeoise et laborieuse, cléricale et laïque.
Elle semble rester rétive à toute définition. Parfaitement
imprévisible, n'est-elle pas tout à fait «iroquoise» comme
déjà Voltaire, en son temps, l'avait observé ?