Loin d’être limitée aux barbelés des camps ou aux frontières d’un seul pays, la détention des militaires allemands demeure un aspect méconnu dans le contexte particulier des relations triangulaires entre Ottawa, Washington et Londres.
C’est dans cette optique que l’ouvrage Comment traiter les « soldats d’Hitler » ? explore la dynamique politique établie entre les autorités canadiennes, américaines et britanniques à l’égard du traitement des prisonniers de guerre allemands. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, ces forces alliées détiennent quelque 600 000 « soldats d’Hitler » sur leur territoire respectif. Bien que gérées par chaque État, ces opérations d’incarcération soulèvent plusieurs enjeux associés à la coopération interalliée.
Cette analyse détaillée compare le régime de captivité développé par chaque gouvernement selon ses prérogatives nationales et fait état d’importantes divergences entre les trois Alliés de l’Atlantique Nord dans la prise en charge de ces soldats ennemis. Jean-Michel Turcotte fait le bilan des politiques respectives et communes de ces autorités qui résultent de la participation à des projets conjoints, de rencontres périodiques visant à mieux coordonner leurs actions, de la consultation et de la correspondance les uns avec les autres, des échanges sur les problèmes liés à la détention de guerre et aux solutions apportées. Il présente également le positionnement des états concernant la Convention de Genève de 1929, la mise au travail des détenus et le programme de dénazification.
Les conditions de la captivité des soldats allemands sont donc le résultat d’une influence mutuelle, entre les trois principales puissances détentrices sur le front Ouest, issue de l’expérience de chacun. Suivant cet argument, l’auteur met en lumière le rôle déterminant qu’occupe le Canada au sein des Alliés à cette époque.