Comment évoquer saint Jacques sans lier ce nom à celui de Compostelle ? C'est justement au retour d'un pèlerinage, en 1982, que Denise Péricard-Méa entreprit une thèse d'histoire sur le culte de saint Jacques et ses pèlerins en France au Moyen Age.
Les résultats de cette recherche historique bousculent les idées généralement admises sur le culte de Jacques le Majeur reposant en Galice. Compostelle a bien sûr sa place dans la légende construite au XIIe siècle à partir d'un rêve de Charlemagne, de même que dans les relations politiques, en particulier avec la Bourgogne, et dans l'imaginaire de la Chevalerie.
Nul doute que cet imaginaire n'ait imprégné aussi l'esprit des pèlerins rendant un culte à un saint Jacques à la fois un et multiple dans l'un des nombreux sanctuaires locaux qui lui étaient dédiés. Car saint Jacques est incontestablement vénéré dans la France médiévale. Mais les pèlerins allant jusqu'en Galice n'étaient pas les plus nombreux. Denise Péricard-Méa s'est attachée à les identifier et à nous les faire mieux connaître, sans trouver traces des foules immenses dont on parle à satiété.
Ce n'est qu'au XVIe siècle, après la contre-Réforme et la disparition de la plupart des sanctuaires locaux, que Compostelle finit par s'imposer comme lieu unique de culte, marquant la victoire définitive du Majeur.