Nos contemporains ont une prédilection pour l'art médiéval et en particulier pour l'art roman. Mais cet art roman que nous voyons autour de nous et que les médias nous montrent sans cesse n'est pas toujours celui de la vie quotidienne des gens du Moyen Âge. Fruit de restaurations successives, de l'évolution de la recherche et des fluctuations du goût, notre vision n'est au fond qu'une construction intellectuelle qui repose sur des mythes romantiques, des connaissances partielles et des restitutions délibérées qui n'ont pas grand-chose à voir avec l'étude de l'art.
C'est à bon droit que ce livre au titre provocateur évoque les multiples courants qui ont contribué à «inventer» l'art roman, qu'il dénonce de multiples erreurs historiographiques et dégage les aspects de la personnalité du véritable «art roman».
Xavier Barral i Altet, médiéviste de renommée internationale dont les ouvrages sont traduits dans de nombreuses langues, tranche sur de nombreuses questions controversées, comme la célébrité des artistes, la place de la femme dans l'univers misogyne de l'époque, la polychromie des édifices, la surenchère des pèlerinages ou l'importance de l'or dans la création. La «laideur» de l'art roman contrasterait-elle avec la «beauté» d'un art gothique qui a inventé l'église de verre et a mis en place la théologie de la lumière? En dessillant nos yeux blasés, l'auteur nous convie à une véritable redécouverte.