Corps lumineux
De Loïe Fuller à Isadora Duncan
La « Belle Époque », marquée en France par l'essor considérable des découvertes scientifiques et techniques, est aussi celle d'un renouveau de tous les arts. Paris accueille peintres, musiciens, sculpteurs, artistes. Deux femmes, toutes deux américaines et danseuses, Loïe Fuller et Isadora Duncan, ensemble, puis séparément, vont tenir le haut de l'affiche à l'aube du vingtième siècle. La première aux Folies-Bergère, la seconde dans les théâtres parisiens. La recherche d'un « mouvement lumineux » est au cœur de leur esthétique et bouleverse les codes en vigueur dans les arts de la scène. Pourtant, à la faveur d'une autre passion partagée par nombre de leurs contemporains, celle de l'art antique qui va se cristalliser sur leur danse, Loïe Fuller et Isadora Duncan, telles des « sculptures vivantes » semblent ressusciter à leurs yeux des figures du passé, les animer. Jusqu'à quel point ont-elles partagé et accepté d'incarner cet idéal ? Comment en ont-elles parfois « joué » en lui prêtant leur corps et leur image, et plus souvent encore l'ont combattu pour affirmer l'originalité et la nouveauté de leurs démarches et de leurs œuvres ? En écho aux recherches de peintres, sculpteurs, poètes, scénographes d'avant-garde s'interrogeant alors sur les pouvoirs de la danse, elles ont apporté dans le renouvellement des formes qu'elles initiaient, matière à penser, à créer et à rêver. Pionnières de la modernité, un siècle plus tard, elles restent nos contemporaines.