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Correspondre n’a jamais été mot aussi juste pour désigner l’activité épistolaire, tant les lettres de Gabriel Bounoure et d’André Suarès sont en adéquation totale quant à l’art d’écrire et l’intelligence du cœur. Qui est Gabriel Bounoure ? Un conseiller culturel en poste au Liban et en Syrie mais surtout le plus méconnu et le plus discret des grands critiques littéraires, notamment à la Nouvelle revue française. Paul Claudel a eu pour lui ce mot éloquent : « On écrirait volontiers un livre pour vous faire écrire une page. ». L’œuvre d’André Suarès, maître trop secret de la littérature française, semble pâtir de sa prolixité et du caractère orageux de l’écrivain. Mais son Voyage du Condottière suffit, pour les amoureux du style, de l’art et de l’esprit, à le placer au centre de la bibliothèque de tout gentilhomme-lecteur. Cette correspondance inédite, enfin dévoilée, rend justice à l’un comme à l’autre. C’est une introduction à l’œuvre complet de Suarès comme un manuel de critique littéraire, le témoignage d’une amitié profonde et sincère, le renversement généreux des rôles de maître et de disciple, un portrait et un autoportrait de Suarès, un lieu de méditations et l’expression chevaleresque de la quête spirituelle et poétique de deux âmes fortes. Entre 1913 et 1948, leurs échanges sont traversés par les échos de deux guerres mondiales (sublimes lettres du capitaine Bounoure), les difficultés morales, physiques et matérielles : et toujours la poésie s’éprouve comme le seul refuge et la seule consolation pour les temps obscurs.