Albert Camus
Roger Martin du Gard
Correspondance
1944-1958
Le 24 juin 1948, Roger Martin du Gard avait écrit à André
Gide : « Camus [...] est celui de sa génération qui donne le plus
grand espoir. Celui qu'on peut ensemble admirer et aimer. » Dix
ans plus tard, à la mort du romancier des Thibault, Albert Camus
note sobrement dans son Cahier : « On pouvait l'aimer, le respecter.
Chagrin. »
Émouvant parallèle qui souligne la dimension affective d'une
correspondance fondée sur la confiance, le partage des mêmes
valeurs, l'engagement douloureux de l'écrivain au service de la
paix, de la justice et de la dignité. En Martin du Gard, Camus
apprécie l'expérience d'un généreux aîné apte à conseiller, à
comprendre sans condamner, en garde permanente contre « la
fascination des idéologies partisanes ». Et Camus illumine les
dernières années du vieil homme si prompt à douter de lui-même.
Par sa révolte lucide et la riche variété de sa palette, il prouve à
Martin du Gard que l'on peut s'inscrire sans en rougir dans la
lignée d'un humanisme dont Jean Barois et Les Thibault furent
naguère tributaires.
Leurs lettres et les notes qui les éclairent révèlent deux natures
fraternelles, dont les angoisses et les espoirs n'ont pas cessé d'être
les nôtres.
Claude Sicard, professeur émérite à l'université de Toulouse -
Le Mirail, a publié une thèse sur la formation littéraire de Roger
Martin du Gard (H. Champion) et a notamment édité la Correspondance Jacques Copeau - Roger Martin du Gard, et le Journal
et les Textes autobiographiques de Roger Martin du Gard
(Gallimard). Il a aussi donné une réédition de La Gonfle, farce
paysanne de Roger Martin du Gard (Gallimard, « Les Cahiers
de la NRF »).