Ce nouveau volume de correspondance et
documents sur Arthur Rimbaud couvre la période
1912-1920. On ferraille beaucoup autour du poète :
Paterne Berrichon, son beau-frère posthume, qui
s'est érigé en défenseur de sa mémoire, s'illustre
dans diverses querelles : avec Remy de Gourmont,
qui se gausse de la prétendue «héroïque pureté» du
compagnon de Verlaine ; avec Georges Izambard, accusé
d'avoir instillé des idées révolutionnaires dans la tête de son élève du
collège de Charleville ; avec Marcel Coulon, qui conteste les affirmations
de Berrichon. Le combat se situe aussi à d'autres niveaux, plus
élevés : entre Paul Claudel, chantre du poète catholique, et André
Suarès, qui veut dénoncer ce mythe. Cette décennie voit par ailleurs
paraître de nouvelles lettres inédites de Rimbaud, dont la célèbre
lettre sur le poète «voyant», que publie la Nouvelle Revue française
en 1912
La Première Guerre mondiale éclipse un temps les tentatives
de récupération et d'interprétation de l'oeuvre du poète, et creuse
encore son tombeau : à la destruction de la ferme familiale de Roche,
avec laquelle sont perdues de nombreuses reliques, s'ajoutent les
disparitions d'Isabelle Rimbaud, de Paul Demeny, le destinataire de
la «Lettre du Voyant», et de Germain Nouveau, le compagnon
de Rimbaud à Londres en 1874. Mais entre en scène la jeune
génération surréaliste, qui ne va pas rester indifférente à l'oeuvre et au
destin de l'auteur des Illuminations...