Dans L'Ermitage de septembre 1896, Henri Ghéon (1875-1944) consacre un article très élogieux aux vers de l'Américain Francis Vielé-Griffin (1863-1937), lequel s'empresse de remercier le jeune critique. C'est le début d'une correspondance de quarante ans et la naissance d'une amitié qui ne s'éteindra qu'à la mort de Vielé-Griffin, en 1937. Lieu privilégié de discussions, les lettres se font l'écho des grands débats du moment. Ghéon et Vielé-Griffin y commentent les derniers numéros de revues comme Le Mercure, La Phalange ou La Nouvelle Revue Française; ils évoquent André Gide, l'ami commun, mais aussi Apollinaire, Paul Claudel, Paul Valéry et bien d'autres contemporains. Avec les années 1914-18, durant lesquelles Ghéon est médecin militaire au front, la correspondance se mue en témoignages mêlant le tragique et l'humour. Après la guerre, les lettres de Vielé-Griffin retracent les inquiétudes métaphysiques de leur auteur et sa foi inaltérable en la poésie, quand celles de Ghéon rendent compte d'une évolution littéraire et spirituelle liée à sa conversion.