« Tous les dieux sont nomades, et si épris d'immensités nouvelles qu'advient toujours un temps où ils lèvent le camp qu'ils avaient établi sur la terre en compagnie des hommes, et des bêtes.
Leur repli est discret, c'est peu à peu qu'il s'effectue, en un très lent reflux, irréversiblement. Les hommes s'en rendent à peine compte, ils ont le coeur tellement volage et la mémoire si oublieuse. A mesure que s'éloigne tel ou tel de leurs dieux, ils se tournent vers un nouveau venu. Les bêtes, elles, sont plus fidèles à leurs amours. (...) »
« On écrit, certes, dans une totale solitude et jamais pour un public - ce serait lui manquer de respect - mais jamais pour soi seul non plus. On écrit en fait pour ce qu'il y a d'altérité en soi. Pour tous ces mots qu'on a entendu dire. Pour ces morts dont le visage ou le regard reviennent dans la densité extrême de la concentration. »
Sylvie Germain