Des noms et des histoires rassemblés en blocs de langue, légèrement râpeuse comme un patois de campagne, avec animaux, mots gros et collection de détails constituant peu à peu mosaïque criante de vérité de cet ici (au hasard : "café calva canard, et lunettes rafistolées bouts de gros scotch"...), qui resurgissent là, dans cette écriture de la langue parlée.
Une croisière pas de tout repos dans les zones accidentées des liens familiaux, "où sang veines familiales renversent coulent de mains en mains où ne pas étouffer ni taire", "un siècle ou deux de générations" et la guerre, et puis au moment du deuil : nœuds affectifs, cristallisation lors des héritages, émergence des enjeux toujours exagérés ("bout de terre ne vaut pas grand kopek inculte juste un petit bout de lande"), "des vertes et pas mûres" pour se partager "la part de la galette", le magot, qui dort là, c’est sûr... de ce qui se joue au fond des cuisines de nos campagnes, lieu de la discussion, du café, sur la nappe à carreaux que l’on imagine là.
Bref, une langue avec ce goût de poésie brute, cet écho des sagesses et bêtises paysannes, une langue forte et belle, et pas seulement pour qui sait et a vu ces scènes-là... de ces langues-là de campagne, mais repassées ici au contemporain.
Cécile Guivarch, née en 1976, vit à Nantes et anime le site terreaciel.free.fr .
FG