Peintre rétif et frondeur, Courbet participe de l'effervescence artistique et politique de son époque. Sous l'impulsion de Jules Champfleury, il jette les bases de son propre style : le réalisme. Si Courbet ne révolutionne pas la peinture elle-même, il en bouleverse radicalement les normes, réformant à la fois le " sujet de peinture " et la manière de peindre. Aujourd'hui, son oeuvre permet de réévaluer les enjeux liés à la question de la modernité en art.
L'invention de Courbet par lui-même décline les questions de la réception de l'oeuvre, du rapport que l'artiste entretient avec son temps, comme celles relevant de la rupture esthétique.
L'Atelier du peintre, l'Enterrement à Ornans, L'Hallali du cerf, Les Baigneuses, La Rencontre, la série des Vagues et des paysages de Franche-Comté : ces chefs-d'oeuvre montrent combien Courbet fait voler en éclats toute notion de beau et de mimesis, leur substituant une iconographie qui abolit hiérarchie des genres et principe de vraisemblance. La présence de la peinture, de la matière picturale est un élément fondamental du processus créatif chez Courbet ; elle fait effet de vérité. La décision d'être peintre, l'engagement en peinture, le thème de l'autoportrait, le rapport au spectateur composent autant d'aspects d'une véritable " rhétorique du moi ". Tout au long du XIXe siècle, la présence affirmée du " corps du peintre " dit la puissance de l'acte de peindre.