En janvier 2001, le magazine Stern publia plusieurs photographies
de Joschka Fischer, alors ministre allemand des Affaires
étrangères, prises lors d'une échauffourée en 1973. Sur ces
clichés, le jeune Fischer frappe violemment un policier à
l'issue d'une manifestation.
Ces images déclenchèrent un scandale. Derrière la personnalité
d'un homme politique qui comptait parmi les plus
populaires de son pays, c'est toute une génération qui était
sommée de se justifier sur son itinéraire, son esprit de rébellion,
ses engagements et son influence. Le procès de la génération
68 venait de s'ouvrir. Daniel Cohn-Bendit fut l'un des
premiers accusés à la faveur d'une lecture biaisée de ses
écrits de jeunesse.
Les affaires Fischer et Cohn-Bendit ne sont pourtant rien
d'autre que l'histoire d'individus qui ont connu dans leur
vie une évolution incompréhensible si elle est détachée des
traumatismes de notre temps.
Joschka Fischer, Bernard Kouchner, Daniel Cohn-Bendit et
André Glucksmann sont les figures les plus éminentes de cette
Nouvelle Gauche qui refuse toute compromission avec le
totalitarisme, quel qu'il soit. Une internationale de la contestation
dont la guerre d'Irak a révélé les failles mais aussi les
relais dans le monde musulman.