« L'exégèse de la parole biblique ne saurait être confiée à l'intelligence seule, non plus qu'à la foi seule », écrit ici André Neher. Et c'est donc vers une harmonie de la foi et de l'intelligence que s'oriente sa lecture du texte biblique, comme dans cet important inédit, retrouvé aux Archives de la Bibliothèque Nationale d'Israël à Jérusalem et que présente Enrico Lucca, chercheur au Centre Simon Dubnow de Leipzig. En retraçant l'histoire de la critique biblique, depuis les travaux pionniers de Richard Simon ou de Julius Wellhausen, Neher revient sur une discussion fondamentale entre la recherche archéologique et textuelle et le point de vue théologique ou spirituel, avant d'en venir aux questions que posera la traduction de la Bible et, en particulier, celle de Franz Rosenzweig et Martin Buber. Ce que révèle la traduction est bien, pour Neher, l'essentialité de la langue originale, qui habite le texte comme aucune autre langue. Et c'est ce retour à l'hébreu, à la primauté de l'hébreu, qui cristallisera le débat entre critique biblique et tradition juive et en confirmera l'harmonie paradoxale.