Ce livre s’inspire de longues marches sur les sentiers douaniers des Côtes d’Armor et du Finistère,
peu fréquentés en juin. L’écriture tente de saisir des instants de ce cheminement. Les rivages atlantiques attirent l’auteur, et surgissent souvent dans l’écriture (Chemins de bord, Isthmes, Table de l’estuaire).
«Le rivage a toujours été le lieu de prédilection des poètes», dit un vieux texte celte cité par Kenneth White. Certes, ce n’est pas le seul ! Mais il nous confronte à la force des éléments, avive les sensations, nous plonge ici dans un temps très lointain, granits immémoriaux, strates des falaises, algues des origines. C’est un condensé de traces, d’empreintes, de vestiges, depuis la préhistoire, menhirs, tumulus, forteresses, blockhaus ou croix des fusillés. Les légendes et la toponymie côtière, imagée, insolite, activent l’imaginaire. Dans un espace changeant, sans cesse en mouvement, on retrouve les rythmes premiers, la marche qui nous accorde à la côte, le flux et le reflux, les pulsations, les percussions, la respiration de la mer, la danse des oiseaux, le va-et-vient des bateaux. L’étendue se déploie vers l’immensité, vers l’inconnu. Le corps poreux s’unit « à plus vaste que lui » (Guillevic).
Si le « désir de rivage » (Alain Corbin) est aujourd’hui largement partagé, il vise surtout la plage.
S’adressant aux jeunes lecteurs, le poème donne à voir, à sentir, à imaginer, à s’interroger.
Il éclaire leur vécu, peut l’approfondir, les éveiller à la contemplation. Il déchiffre le lieu, son champ d’énergie, capte les vibrations de l’éphémère. Il fait éprouver le pouvoir des mots, peut susciter le désir d’écrire. Il s’ouvre à l’invisible, à l’infini. Mais aussi à soi-même, à la résonance intime du dehors :
« le monde est grand, mais en nous il est profond comme la mer » Rilke.