Que notre monde soit cerné par le malheur n'empêche pas la beauté d'y être présente à profusion. À nous de l'accueillir quand elle s'offre et d'aller à sa recherche quand elle se cache.
Intime satisfaction - mais aussi nécessité - de l'esprit et du coeur, elle habite et imprègne les lieux les plus divers : ceux, célébrés, des arts ou des paysages. Mais bien au-delà la découvre-t-on au détour d'une idée ; dans le choix d'un mot par Flaubert ou d'un coup d'archet par Yo-Yo Ma ; dans le sauvetage du Santo Antonio comme dans la trajectoire d'un ballon de football ; dans l'agenouillement d'un Willy Brandt, les dernières paroles d'une Sophie Scholl ou l'héroïsme d'un Jacques Stosskopf ; dans la chose éducative de Jules Ferry, la vérité d'un théorème et l'éclat d'un minéral ; ou sur le visage de la belle inconnue d'Ekaterinbourg.
Innombrables ceux qui nous font le don de la beauté, Antigone, Euclide, Richier, Mozart... mais aussi Andrei Sakharov ou Jeanne Villepreux. Et sans limite son espace.
Cheminant au long des millénaires côte à côte avec le Sapiens, émanant de lui, et retournant à lui, elle l'aide, selon le mot de Malraux, « à rejoindre une transcendance et à se tenir droit ».