Quand il publie "De la mort apparente, et des inhumations forcées", en 1866, Gustave Le Bon affronte un problème posé globalement aux grandes villes européennes modernes.
Comment s'assurer légalement qu'une personne est effectivement décédée, quels délais ou quelles mesures respecter, quelles lois à définir ? (Jusqu'au détail nécessaire d'une cloche dans les morgues...)
S'il s'agissait d'une simple question de médecine, tout irait vite. Mais la médecine aujourd'hui encore se confronte à un inconnu majeur : mort cérébrale, comas thérapeutiques, la façon dont une cellule émet pour son organisme le signal de sa mort nous demeure globalement une énigme, et continue de poser des problèmes éthiques et juridiques insolubles. Mais c'est bien sûr une porte symbolique qu'on ouvre : les morts-vivants, et ceux qui sortent à la nuit de leur tombe, ou ceux quon déterre avec les traces manifestes d'un effrayant combat pour échapper à la tombe.
Encore quarante ans après ce livre, Rilke reviendra sur cet étrange rituel de trouer d'une longue épingle le coeur des morts. Mais comment avoir confiance dans les signes de la mort, et lesquels sont fiables, si chaque fois une histoire prouve le contraire ?