Ce livre vise à tracer - en guise de fil d'Ariane - une cartographie de la théorie et de la pratique du cinéma de Jean Epstein à partir de sa relation avec l'idée de réel dans son évolution, en tenant compte des contextes culturels qui ont pu l'influencer. Dès le lendemain de la première guerre mondiale, nombre de réflexions d'ordre esthétique apparaissent autour du réel cinématographique, notamment du cinéma de non-fiction. Epstein, comme Ricciotto Canudo, Émile Vuillermoz, Louis Delluc et Germaine Dulac, voit souvent en celui-ci le lieu privilégié de la photogénie. Chiara Tognolotti et Laura Vichi explorent la façon dont le cinéaste participe à cette réflexion, comment il se l'approprie et l'intègre pour faire évoluer sa pensée jusqu'à ses derniers travaux. S'appuyant sur un certain nombre de documents d'archives - articles de revue et journaux, projets de films, écrits inédits, fiches de lecture - les auteures essayent d'esquisser les lieux les plus marquants du terroir de la pensée epsteinienne qui semble posséder les formes d'un archipel se détendant en une mer imaginaire qui arrive à effleurer la pensée contemporaine sur le cinéma.