Ce général qui n'avait pas quitté son armée, quand elle immolait Foulon, Berthier & les gardes du corps, quand elle menaçait les jours de LL. MM., la quitte quand il est menacé lui-même. Il fuit, il disparait de la scène de la révolution, comme un héros de théâtre qui tombe & finit avant la pièce. Transfuge, & se faisant un bouclier de ce nom d'émigré dont il a fait un crime capital à tant de malheureux français, il se présente, suivi de quelques traitres, aux postes avancés de l'armée autrichienne : il est pris & reconnu.
Tel est Lafayette tiré du labyrinthe politique où il avait égaré sa vie ; telle est sa vraie nature prise dans les replis de son coeur, & dans les détours de son esprit. Ce n'est point un homme décidé entre la sottise & la scélératesse, mais un homme qui se compose sans celle de l'une & de l'autre : toujours faux dans les plans, toujours cruel dans l'exécution ; absurde dans l'ensemble, & criminel dans les détails