En matière de défense politique, il y a toujours
eu deux méthodes : les procès de connivence
(Dreyfus, Challe) ou les procès de rupture (Socrate,
Jésus). Les premiers sauvaient leur tête, les
seconds gagnaient leur cause ; la nouveauté, c'est
qu'aujourd'hui ils peuvent en outre sauver leur
tête.
Limité autrefois à l'enceinte du tribunal, le
procès s'est en effet ouvert aux yeux et aux
oreilles du monde. Ce qui se joue au procès
Dimitrov, aux procès des militants du F.L.N dont
Vergès assura la défense, c'est le sort d'un parti
ou d'un peuple.
Au regard de la lutte qui oppose deux mondes,
combien peuvent paraître dérisoires certains
conflits internes des nations d'Europe et d'Amérique
du Nord ! Assurés de leur niveau de vie et
de leur puissance de mort, les nantis, qu'ils soient
conservateurs ou libéraux, ne comprennent pas
toujours que la Justice, que leur Justice, est en
train de perdre sa majuscule et qu'ils n'ont déjà
plus le droit de s'en croire les porte-parole exclusifs.