"Ah, qu'il est difficile, quand on use de qualificatifs, qu'il est difficile de
savoir ce qu'on veut dire ! Eh bien, si c'est tellement ardu, pourquoi tenter de
le savoir ?"
En 1930, Aldous Huxley, dont la notoriété s'accompagne déjà d'un
parfum de scandale, écrit, en France, De la vulgarité en littérature, réflexion
en forme de contrepoint sur l'art et la science, la philosophie et
l'histoire, les moeurs et la culture, méditation ouverte, contradictoire,
brillante, parfois injuste, proposée - mais jamais imposée - à la sagacité
du lecteur.
Revisitant Shakespeare, Balzac, Baudelaire, Poe, Zola, Milton, Dostoïevski
et tant d'autres, traquant dans les oeuvres comme dans la vie la moindre
facilité ou vulgarité, l'auteur visionnaire du Meilleur des Mondes
montre implicitement la fragilité et la vanité de l'homme.
Un essai magistral, qui témoigne d'un amour des mots à la fois passionné
et ironiquement distancié, une lecture roborative en un temps
où l'on ne sait plus ce qu'est la littérature, où toutes formes de vulgarité,
indistinctement, triomphent.
Anne Coldefy-Faucard