« Si vous choisissez la liberté, la fierté et la force de l'âme individuelle, et la libre fraternisation des hommes, comme le but que votre vie doit manifester, alors ne les bradez pas. Pensez que votre âme est forte et qu'elle tiendra le coup ; et lentement, au prix d'une lutte acharnée peut-être, la force grandira. Et le renoncement à des biens pour lesquels d'autres troquent la dernière possibilité de liberté deviendra facile. À la fin de votre vie, vous pourrez fermer les yeux en disant : "Je n'ai pas été contrôlé par l'idée dominante de mon époque ; j'ai choisi ma propre allégeance et je l'ai servie. J'ai prouvé par ma vie qu'il y a en l'homme ce qui le sauve de la tyrannie absolue des circonstances, ce qui, à la fin, conquiert et refaçonne ces circonstances, le feu immortel de la volonté individuelle, qui est le salut de l'avenir."
Il nous faut de tels hommes, des hommes qui s'engagent envers leur âme et qui s'y tiennent, non pas quand c'est facile, mais quand c'est difficile, quand l'orage gronde, quand le ciel est blanc et la foudre bleutée, quand les yeux sont aveuglés et les oreilles assourdies par la guerre des contraires, quand le ciel est plombé et que la grisaille ne se lève jamais. Tenir bon jusqu'au bout : voilà ce que signifie avoir une idée dominante, que les circonstances ne peuvent briser. Et de tels hommes font et défont les circonstances. »
Voltairine de Cleyre est une militante et théoricienne anarchiste américaine (1866-1912), connue pour son anarchisme sans adjectif et sa pensée-libre vaste, son féminisme et son engagement dans la révolution mexicaine.