De l'âme du monde est un ouvrage
majeur dans l'histoire de la philosophie
comme dans celle des sciences. Publié
en 1798, il marque une étape décisive
dans la construction schellingienne d'une
philosophie de la nature. En supposant
une identité entre la production des
différents objets du monde et l'activité
de l'esprit humain, Schelling édifie une
pensée idéaliste destinée à rendre compte
aussi bien du monde qui nous entoure
que de la connaissance que nous pouvons
en avoir. De là un système fondé sur
l'idée d'une polarité, d'un antagonisme
de forces primitives dont l'action
réciproque est à l'origine de toutes
les productions naturelles.
Pour autant, ce système n'est pas
purement spéculatif, et Schelling ne
conçoit pas sa théorie indépendamment
de l'expérience : aussi s'appuie-t-il sur
les observations les plus récentes réalisées
par les physiciens et les naturalistes de son
temps. C'est là sans doute ce qui explique
l'influence exercée par ce livre sur de
nombreux savants dans les premières
décennies du XIXe siècle et les conséquences,
ambiguës mais déterminantes, de la
pensée schellingienne sur le développement
du transformisme allemand.