Le Livre IV du De varietate fortunae de Poggio Bracciolini rapporte le compte rendu que Niccolo de' Conti fit de ses voyages en Inde et dans le Sud-Est asiatique entre 1414 et 1439. A ce titre, il a joui d'une vaste diffusion, indépendamment du reste de l'ouvrage, comme l'attestent un certain nombre de manuscrits contenant le seul livre IV ainsi que la première édition du texte latin du De varietate fortunae (India recognita, 1492), limitée elle aussi à ce dernier livre. Le succès du livre est lié aux informations nouvelles qu'il contient sur des régions jusque là mal connues (intérieur de l'Inde, Birmanie, Java, Bornéo,...), qui seront exploitées par la cartographie et par les recueils de voyage, en particulier celui de Ramusio, Delle navigazioni et viaggi. Mais le compte rendu de Conti assume aussi un intérêt majeur car il se situe à une période charnière, transition entre l'époque où l'Asie est «découverte» par les missionnaires et les marchands lors de la domination mongole (XIIIe et XIVe siècles: Guillaume de Rubrouck, Marco Polo, etc....) et celle où les expéditions maritimes des Portugais vont leur assurer la maîtrise du commerce dans ces contrées. Le texte de Conti nous intéresse donc aussi bien dans son contenu que dans sa forme; l'introduction ainsi que les notes s'efforcent d'établir des comparaisons nombreuses avec d'autres récits de voyage concernant les mêmes contrées, tant par ceux qui ont précédé Conti (Marco Polo, Ibn Battuta...) que par ceux qui l'ont directement suivi (Duarte Barbosa, Tomé Pires...).