Debord
Il y a plus de vingt ans disparaissait Guy Debord, l'un des derniers grands intellectuels français, figure mythique des mouvements d'avant-garde de la seconde moitié du XXe siècle. Écrivain, cinéaste, penseur révolutionnaire, autodésigné « ennemi de son siècle », il a été le chef de file de l'Internationale lettriste (1953-1957) puis de l'Internationale situationniste (1957-1972), et, à partir de son oeuvre majeure, La Société du spectacle ( 1967), l'infatigable pourfendeur de la société de consommation.
Mais Debord était également, selon ses mots et comme le révèlent ses archives, « un déclassé conspirateur, un aventurier ne respectant rien parce que n'ayant rien à perdre », un « enfant gâté, qui a toujours cru que le monde était fait pour lui faire plaisir et n'a jamais été capable de ressentir les choses au-delà de cet infantilisme affectif », un « Capricorne patient comme le grisou qui s'accumule dans les galeries de mines de la société ». C'est qu'il était bien placé pour connaître l'homme qui se cachait derrière le mythe qu'il s'était forgé, et cette part d'ombre que l'impressionnant travail d'investigation de Jean-Marie Apostolidès met enfin au jour.
Une biographie intime et sans concession où l'on découvre un homme qui construisit sa vie comme une oeuvre d'art, en se rêvant tour à tour bandit, chef de bande, agitateur, général d'armée, empereur et philosophe.