Jacques Derrida et Jacques Lacan se seront peu fréquentés, auront peu échangé, du moins si l’on s’en tient à leurs strictes biographies. Cependant un lien s’établit entre leurs œuvres respectives autour du statut singulier et fondateur de la trace et de la lettre. La psychanalyse n’a jamais cessé de hanter la pensée de Derrida, la figure de Lacan y étant fréquemment convoquée. Lacan, quant à lui, a croisé le fer tout au long de son enseignement avec l’histoire de la philosophie, se gardant de prononcer le nom de Derrida qu’il avait pourtant incontestablement lu. Entre psychanalyse et déconstruction, des intuitions communes, des pratiques affines, des liens intimes et complexes méritent d’être examinés au prisme de la question de l’écriture et à la lumière de la pensée freudienne, dont la lecture inspire et informe tant l’œuvre de Lacan que celle de Derrida, les partageant et les opposant irréductiblement.