Des femmes, de l'autre côté
« Je vis au milieu d'un gynécée, seins et vagins qui crient à la faim, ventres et cuisses qui s'écartent, cheveux et ongles qui se peignent et se coupent et des bouches et des bouches qui s'ouvrent et appellent et gémissent, rien ne m'échappe, rien ne s'efface, je suis écrivain et me remplis de ces riens. J'hésite à déménager, je dormirais en paix, mais sans ces filles autour de moi, que pourrais-je inventer ? Je ne sors jamais. »
Ce sont des nouvelles pour la plupart très brèves (hormis le récit central, « Journal d'Ornolac »), plutôt des instantanés mettant en lumière des moments particuliers dans la vie de quelques femmes. Celle qui dit je est en effet toujours une femme en proie à la solitude, aux souvenirs qui apparaissent comme des fantômes, à des arrière-pensées, à des désastres amoureux ou à des amours qui auraient pu seulement exister, à des malentendus. Avec une sensibilité très fine, et un humour mélancolique (ou parfois cruel, comme dans l'histoire de Mme Coquette, très belle femme que la laideur de sa fille enchante), l'auteur développe des ambiances délicates, pleines de charme, traversées de traits d'ironie.