Le beau nom de Désirade est loin de correspondre, en Guadeloupe, au malheur insulaire expérimenté par des dizaines de jeunes exilés qu’on y déporta par lettres de cachet sous Louis XV et son ministre Choiseul. Eloigner des « mauvais sujets » dans les colonies n’est pas nouveau, mais les tenir enfermés dans un lieu spécialement conçu pour servir de maison de correction réglementée par ordonnance est une première appelée par la suite à généraliser toute une géographie de la peine et de l’île-prison. La Désirade est donc, à ce titre, un lointain modèle intéressant l’histoire d’une insularité pénale et carcérale en Guyane et Nouvelle-Calédonie. Tout un contexte historique étend par ailleurs aux populations du Canada l’intérêt d’un livre où l’on apprend ce que fut le sort, après celui de lépreux, de prisonniers partis sans jugement des quatre coins du royaume à la Désirade en passant par Rochefort et la Martinique.