Des lieux et des hommes
Les personnages de David Means sont des êtres déchus, animés de désirs de revanche comme de rêves d'absolution. Prostituées, anciens du Vietnam traumatisés, fous de Dieu... Ils peuplent des lieux habités d'une telle présence qu'ils semblent en être l'émanation et ne constituer qu'un élément du décor parmi d'autres.
Les sources d'inspiration de l'écrivain reflètent la variété des paysages de ce pays-continent et ses mythes écornés. L'Amérique postindustrielle comme le Midwest décati. Une étendue au large de Cleveland dont dépend l'approvisionnement en eau de la ville. Un parc donnant sur l'Hudson, où deux amants réalisent que leur liaison touche à sa fin. Les chutes du Niagara, destination finale du corps d'une jeune fille qui semble prise dans les remous de sa propre tragédie. L'oreille devenue folle d'un habitant de Manhattan qui subit les assauts d'un voisin très bruyant. La chambre d'un hôpital de banlieue dans laquelle un jeune père attend avec anxiété un diagnostic qui menace le cours de son existence. Ou encore un campement poussiéreux du Nebraska où un groupe d'activistes stupides fomentent une révolution.