Les mots de notre culture sont à leur façon des auteurs virtuels, car leur histoire constitue une sorte d’oeuvre, une suite de romans sémantiques tous accordés à l’histoire sociale. Auteurs, philosophes, poètes, narrateurs, se sont faits les serviteurs et les chantres de ces mots dont, en apparence, ils se servaient, pour découvrir les secrets de leurs pouvoirs. Du coeur du lexique, où il s’est longtemps tenu grâce à la fabrique du dictionnaire, l’auteur de ces essais tente d’illustrer le va-et-vient entre la créativité du texte et la profondeur de ses éléments. Toute oeuvre est tributaire de l’instabilité, de la vibration des mots qu’elle organise. Tout penseur, tout poète en est à la fois le maître et l’esclave. De Villon à Barthes, des classiques à Valéry, de Littré à Jakobson, l’usage du langage est soupesé, exalté. Quant aux mots, la société et son aventure se trahissent dans Travail, Progrès, Révolution…, tandis que Comédie, Artiste, Luxe, nous apportent la mémoire de la culture. Deux domaines sans cesse entrelacés ; une même démarche,
illustrant l’emblème du Vertige de la langue.