Nourri des travaux les plus récents sur la genèse de l'État moderne, ce volume entend démontrer que l'histoire des trois derniers siècles du Moyen âge ne saurait être analysée comme une simple période de transition qui aurait lentement transformé l'État médiéval en État moderne.
Vassaux et sujets, légistes et administrateurs, princes et roi mettent en place les structures d'un État dont le devenir s'enracine dans un héritage antique peu à peu retrouvé, souvent mal compris et toujours difficilement assimilé. Le legs féodal conditionne également chaque étape de cette rénovation, tout aussi dangereux pour le nouvel État, en raison des liens personnels qu'il postule, que porteur de forces de restructuration par la place éminente qu'il réserve au prince dans la hiérarchie des pouvoirs. Principal bénéficiaire des prérogatives que libère la lente agonie de la suprématie impériale et stimulé par l'irrésistible affirmation des regna, le "Roi très chrétien" façonne un État qui, tout en empruntant à ses voisins, s'impose de plus en plus comme un modèle dans l'Occident médiéval.
Tandis que le droit vient constamment au secours d'un pouvoir que mémoire, religion et symboles ne cessent de vivifier, la souveraineté retrouvée permet au prince de faire triompher progressivement, sur un territoire remodelé, sa loi, sa justice et sa fiscalité. Face à cette emprise du pouvoir, le pays ne demeure pas passif, qui fait entendre sa voix pour que s'établisse, à travers un dialogue permanent mais ponctué de tensions, un équilibre raisonnable entre des autonomies locales irréductibles et une centralisation chaque jour plus pesante.