Pour son premier numéro, la revue Horizons/Théâtre éditée par les Presses Universitaires de Bordeaux propose comme thème ouvert aux contributions, Les théâtres populaires. Le pluriel n’est pas anodin et ouvre volontairement le territoire géographique et culturel de cette étude, au-delà de l’héritage qui a marqué le théâtre européen du vingtième siècle.
Qu’est-ce que le théâtre populaire ? Un théâtre pour le peuple ou un théâtre fait par le peuple ? Peut-on encore parler de théâtre(s) populaire(s) ? Qui est le peuple, quels sont les peuples de ces théâtres ? La notion de « théâtre populaire » est par essence polysémique. Puisque les peuples sont aussi multiples que les formes théâtrales qu’ils pratiquent. Chaque peuple a son théâtre et chaque théâtre a son propre public, son peuple.
Si en France, le théâtre populaire correspond à une vision d’abord militante qui a été marquée jusqu’au début des années quatre-vingt par des personnalités, des expériences, des réalisations emblématiques, dans d’autres pays, le théâtre populaire est tantôt synonyme d’une forme d’expression dramatique née et enracinée dans un milieu populaire tantôt, il est, l’expression d’une vision théâtrale qui tend à démocratiser pour ne pas dire « vulgariser » la pratique scénique auprès d’une classe populaire.
L’expression « théâtre populaire » peut aussi bien exprimer une sublimation du fait théâtral quand on y associe des noms tels Jean Vilar ou TNP, qu’une dépréciation de ce même fait théâtral quand on lui accole des termes tels « commercialisation », « facilité » ou « vulgarité ».
Le sens donné au théâtre populaire n’est en fin de compte que le résultat d’une vision conditionnée par plusieurs facteurs, sociologiques, géographiques, idéologiques et même historiques qui varient d’une culture à l’autre et d’une contrée à l’autre.