Quand en 1932 le jeune André Kertész reçoit une commande du magazine Sourire pour des photographies de nu, il a l'occasion de réaliser un projet médité depuis longtemps : celui de photographier les images que renvoit un miroir déformant d'un corps de femme. Il réalise ainsi un ensemble remarquable de photographies connues sous le nom de Distorsions. Ces images font immédiatement scandale. Interdites, censurées, elles sont rarement vues avant les années soixante-dix : le corps féminin y subit des transformations tellement surprenantes que le regard commun s'en trouve chaviré.
Ce livre rassemble deux études à propos des Distorsions. Dans la première. Frédéric Lambert retrace le cheminement de leur invention, l'histoire des réactions qu'elles ont suscitées et en propose une interprétation informée par la psychanalyse.
Dans la seconde, Jean-Pierre Esquenazi fait de l'oeuvre de Kertész un modèle pour une esthétique de la photographie qui ne serait plus dépendante de la représentation, qui privilégierait la métamorphose et le jeu sur le temps et qui produirait des êtres tantomatiques mais porteurs de pensées intimes.