« Richard : La chose est claire ! Avoir un esprit est comparable au fait d’avoir des aptitudes – non à celui d’avoir une maison ou une voiture. Faire quelque chose avec son esprit n’a rien à voir avec le fait de faire quelque chose avec un marteau, mais plutôt avec le fait de réaliser quelque chose grâce à ses talents.
Alan : Tout à fait. Nous ne pensons ni ne raisonnons avec rien – si ce n’est avec un crayon à la main.
Jill : Nous faisons pourtant bien usage de notre esprit lorsque nous pensons.
Richard : Oui, mais pas comme nous utilisons nos jambes pour marcher.
Jill : Nous disons pourtant bel et bien : "Faites usage de votre esprit."
Richard : Ce qui n’a rien à voir avec le fait de dire "Utilisez votre main gauche" mais plutôt avec "Réfléchissez !"
Alan : Exactement. L’esprit n’est pas un organe éthéré, pas plus qu’il n’est un organe matériel. »
Ces dialogues, où l’on croise Socrate, Aristote, Descartes et Locke, s’adressent à ceux qui se demandent quelle est la relation entre le corps et l’esprit, si celui-ci est identique au cerveau, ce qu’est la conscience ou si l’on peut penser sans langage. Progressant avec la plus grande rigueur argumentative, ces conversations n’en sont pas moins un divertissement intellectuel.
Philosophe britannique, spécialiste de l’esprit et exégète de Wittgenstein, Peter Hacker s’est attaqué aux confusions conceptuelles entretenues par les neurosciences. Il est notamment l’auteur d’une anthropologie philosophique en quatre volumes, A Study of Human Nature (2007-2021).