Depuis la séparation de 1905, les paroisses catholiques
subsistent grâce aux dons des fidèles. Les modalités de leurs dons
sont diverses : s'agit-il d'acheter la bienveillance de Dieu ? De
rémunérer le clergé ? Les transactions monétaires assurent un lien
pratique avec le religieux, et donc révèlent le type de relation que les
hommes veulent établir avec le divin.
À partir d'une enquête sur les finances de six paroisses
catholiques en France, l'auteur présente une analyse sociologique
originale des fidèles croyants. Différentes cultures de pratique
religieuse définissent deux grands groupes de fidèles : d'un côté les
pratiquants habituels du dimanche, de l'autre, trois ou quatre
groupes divers, qui ne coïncident pas les uns avec les autres. Les
premiers sont les plus forts contributeurs de fonds en faveur des
paroisses, mais aussi en faveur des ONG.
Dans une deuxième partie, l'auteur propose de renverser le point
de vue, et montre, par une typologie serrée de la circulation de
l'argent dans la société - revenus, dépenses, épargne -, comment le
don d'argent porte la dimension contestataire de la société
monétaire et peut incarner la dimension utopique.