Depuis les années quatre-vingt, par la grâce d'historiens encore soviétiques, le Dionysos d'Orphée a enfin reçu droit de cité dans l'histoire de la Grèce archaïque. Les tablettes d'os trouvées sur les bords de la mer Noire témoignent que, pour les disciples d'Orphée (les «Orphiques») vers 500 avant notre ère, Dionysos règne entre Mort et Vie, qu'il habite l'arrière-pays où la vérité se souvient de la Tromperie et du Mensonge.
Pour interroger la Grèce, pour mettre en question le regard de l'hellénisme, demain comme aujourd'hui, Dionysos jamais ne fait défaut. C'est l'opérateur le plus efficace, et d'abord pour découvrir dans le dispositif sacrificiel la force du meurtre intérieur ; ensuite pour reconnaître à l'horizon d'une société les avancées de ses transgressions et jusque dans celles qui lui sont possibles ; peut-être aussi pour entrecroiser la chasse et l'érotique en expérimentant librement entre récits mythiques, pratiques du polythéisme et formes de société.
Infiniment turbulent, Dionysos, le dieu qui, dit-on, s'empare de tout et possède le vivant comme l'inanimé, s'avoue impuissant devant la gent helléniste. Pourquoi ? C'est ce que nous avons voulu comprendre hardiment.
M.D.